Jacques Van der Biest, un homme pour la ville

Jacques Van der Biest, un homme pour la ville

En inscrivant l’hommage rendu à Jacques Van der Biest dans le processus de pensée qui le conduisit, en 1969, à créer, avec quelques autres, l’Atelier de Recherche et d’Action Urbaines, René Schoonbrodt fait apparaître toute la pertinence de cette démarche et son actualité : le droit à un logement décent pour tous est-il aujourd’hui mieux garanti qu’en 1969 ? Le nombre et la qualité des logements sociaux rencontrent-ils enfin les besoins d’une population de plus en plus précarisée ? Les choix stratégiques en matière de mobilité et d’aménagement de l’espace public se font-ils à l’issue d’un réel processus de participation ? L’accès à la culture s’est-il vraiment démocratisé ? La participation des citoyens aux décisions d’aménagement de la ville et des quartiers a-t-elle permis d’éviter la montée du communautarisme ? Des budgets participatifs ont-ils été instaurés dans les quartiers, dans les communes ? La protection du patrimoine bâti de la région est-elle devenue une réalité ? Les diverses pollutions qui altèrent la santé des habitants sont-elles combattues efficacement ? La Région est-elle parvenue à imposer équitablement tous les habitants, y compris les fonctionnaires européens ?

On pourrait multiplier ces interrogations et vérifier chaque fois que les constats posés au siècle passé demeurent pour l’essentiel justes et justifient la nécessité démocratique de poursuivre, de fortifier et de réinventer sans cesse notre action et notre réflexion en faveur du droit à la ville !

Certes, la ville d’aujourd’hui n’est plus celle de la fin des années soixante : les pouvoirs (publics et privés) ont été contraints de concéder un certain de nombre d’avancées démocratiques dont les enquêtes publiques avec mesures particulières de publicité sont un des éléments les plus tangibles. Mais toutes ces avancées ont toujours dû être arrachées aux pouvoirs en place qui, protégeant une conception fermée de la démocratie, n’acceptent pas la moindre mise en cause de leur autorité. Pire, au rythme des nombreuses modifications des législations, il a fallu, à chaque fois se dresser contre les tentatives de remise en cause des avancées ou des protections obtenues. Et il n’est pas anodin de constater que l’évolution de ces remises en cause est parallèle à la lente perte de crédibilité qui mine un monde politique sclérosé dans ses pratiques.

En rappelant, à travers cet hommage à Jacques Van der Biest, les fondements sociaux, politiques et philosophiques de cet exercice exigeant de vigilance et d’action démocratiques, René Schoonbrodt incite chaque habitant de la ville à exercer avec fermeté et urbanité ces droits de citoyen et pousse à renforcer sans relâche la vie associative qui, comme le préconisait Alexis de Tocqueville, est un puissant levier de résistance aux obscurités et aux excès des pouvoirs.

Marc Frère, Président de l’ARAU