Occupation temporaire au Grand Hospice : les nombreuses conditions exigées par la Commission de concertation pour la poursuite de l’exploitation par Pali Pali

Occupation temporaire au Grand Hospice : les nombreuses conditions exigées par la Commission de concertation pour la poursuite de l’exploitation par Pali Pali

Rétroactes : le 25 juin dernier, le dossier relatif à la régulation de l’occupation temporaire du Grand Hospice Pachéco (quartier du Béguinage), propriété du CPAS de la Ville de Bruxelles, passait en commission de concertation. L’avis qui a été rendu ne permet plus à l’exploitant « Pali Pali », ni à la Ville, de nier les impacts néfastes de certaines activités sur le patrimoine et l’environnement habité. 

Tout en reconnaissant que l’ouverture au public du site a permis une (re)découverte et une nouvelle appropriation du lieu en tant qu’espace de quiétude en plein centre-ville, l’ARAU s’y était surtout exprimé pour demander à la Ville de Bruxelles (le site est propriété du CPAS) de prendre ses responsabilités et de s’investir enfin dans le projet de restauration du complexe, au profit de logements sociaux.  Il s’agissait aussi de souligner, alors que le bâtiment montre des signes de délabrement inquiétants, la forte pression que subit ce site classé (et notamment son patrimoine arboré), en raison de son occupation temporaire. Enfin, l’ARAU remettait en question les usages commerciaux et événementiels qui impactent fortement l’habitabilité et le sommeil des riverains. L’ARAU appelait également le demandeur à respecter l’avis conforme émis par la CRMS, le site étant classé ! (voir notre avis du 13 juin 2024).

Les échanges intervenus lors de la séance de la Commission de Concertation entre le demandeur, la Région et la Ville ont permis de mettre en lumière d’importants manquements dans ce dossier, tant de la part de la Ville que de l’occupant (Pali-Pali).

  1. Suite à la question de l’ARAU sur l’avancement du projet de logements du CPAS, il a été répondu que ce dernier n’était plus d’actualité. La stratégie du CPAS serait d’observer les activités qui fonctionnent bien pendant l’occupation temporaire, pour en pérenniser les plus attractives.
  2. A la question du Directeur Développement Urbain de la Ville sur l’exploitation des jardins en guinguettes, la vente d’alcools, et l’utilisation de la musique amplifiée en plein air (sans sonomètre), les autorités communales ont réalisé qu’aucun permis d’environnement n’avait été octroyé. Il a été rappelé qu’il aurait fallu commencer par cette étape !
  3. La séance a aussi été l’occasion, pour le représentant de la direction du Patrimoine culturel d’Urban.Brussels (Région), de relire et d’insister sur le caractère conforme et donc contraignant de l’avis de la CRMS : ce dernier a clairement demandé qu’une remise en pristin état des deux cours soit effectué le plus rapidement possible (dans l’objectif de désencombrer les jardins classés mais aussi de ne pas continuer à détériorer les arbres protégés).
  4. Les riverains, qui ont rappelé l’existence d’une pétition contre les dérives et nuisances de l’exploitation temporaire et le ras-le-bol qui s’exacerbe depuis 2 ans (absence d’écoute des élus communaux), ont quant à eux développé une demande simple : la fin des activités et du bruit à 22h. Ce sont les événements en plein air et en soirée, publics et privés (location du jardin des hommes – 2e cour – pour des groupes privés) qui posent problème, et non la mise à disposition de locaux pour des projets socio-culturels. Ces projets sociaux ne doivent pas permettre de minimiser l’impact des autres activités et du business qu’elles génèrent sur le cadre de vie et le patrimoine.

Fait assez rare pour être positivement souligné, l’avis de la Commission de Concertation reprend scrupuleusement et de manière exhaustive ces critiques, celles de la CRMS, celles de l’ARAU et celles des riverains !

Pali-Pali n’est toutefois pas le seul acteur à en avoir pris pour son grade. En effet, l’avis de la Commission rappelle par ailleurs que l’entretien du bâtiment incombe bien à son propriétaire, à savoir la Ville de Bruxelles :

 

Certaines dégradations sont visibles sur les parties classées du bien […], que ces défectuosités ne ressortent pas de la responsabilité de l’occupant temporaire et qu’il revient au propriétaire des lieux d’assurer l’entretien du bâtiment.

Si l’avis rendu par la Commission de Concertation est bien positif, les conditions qui y sont assorties sont si nombreuses qu’elles ne permettront sans doute pas à l’occupation temporaire de se poursuivre de la même manière. Morceaux choisis :

« Avis FAVORABLE pour une durée limitée à deux ans, à condition :

  • […] de vérifier la conformité du lieu à la législation environnementale et plus spécifiquement à l’Arrêté du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 4 mars 1999 fixant la liste des installations de classe 1B, 1D, 2, 1C et 3 et, s’il y a lieu, de modifier le permis d’environnement existant ou d’en introduire un nouveau en bonne et due forme dans les meilleurs délais ;
  • de respecter les conditions reprises dans l’avis de la CRMS formulé en sa séance du 21/05/2024, […], telles que reprises ci-après ;
  • de réorienter la programmation des activités vers une offre socio-culturelle mieux alignée avec les caractéristiques patrimoniales du lieu ; l’occupation devra respecter les termes de la convention conclue avec l’occupant tournée vers des activités sociales et culturelles […];
  • de revoir à la baisse le nombre et les dimensions des installations temporaires, et réétudier leur implantation en fonction d’une préservation maximale du patrimoine vert ;
  • de manière concrète, définir au préalable les zones des jardins à préserver de toute occupation, ainsi que celles pouvant accueillir certains dispositifs temporaires […];
  • de réduire l’emprise des tentes et des planchers et revoir leur implantation dans des zones dépourvues de végétation […];
  • de supprimer le conteneur restauration en raison de son impact matériel et des nuisances entraînées par cette activité […] ;
  • de remettre en pristin état les zones dégagées […];
  • d’élaborer, à brève échéance, un diagnostic de l’état de conservation et assurer l’entretien régulier du bâti, en remédiant et en prenant toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à la dégradation du bâti. »

L’ARAU espère que toutes ces exigences et conditions seront bien prises en compte par la Région avant délivrance de tout permis de régulation. L’attractivité actuelle de la guinguette et le spectre de l’abandon des bâtiments ne sauraient constituer un prétexte pour autoriser qu’une exploitation évènementielle se développe en dehors du cadre réglementaire, et contre l’entretien d’un patrimoine classé. La destination sociale et la préservation de ce bâti remarquable doivent rester le fil conducteur du projet que la Ville, en son CPAS, doivent remettre sur les rails !