Infrabel déraille

Infrabel déraille

Avec son projet de nouveau siège the Switch (l’aiguillage), Infrabel prend la mauvaise voie, celle d’une démolition-reconstruction qui débouche sur la suppression de 24 logements (sans aucune compensation), le quadruplement de la densité, la bétonnisation de la quasi-totalité du terrain ou encore l’ajout de plus de 20.000 m² de bureaux… et de 126 places de parking. Améliorer l’urbanité et l’habitabilité du quartier du Midi passe, au contraire, par plus de mixité (moins de bureaux, plus de logements), moins de béton et plus d’espaces verts ! La Région doit refuser cette demande de permis et, plus globalement, mettre en place un plan réglementaire pour encadrer les projets immobiliers dans le quartier.

À l’enquête publique jusqu’au 17 juin, la demande de permis d’Infrabel sera soumise à l’avis de la commission de concertation le 2 juillet prochain. Le projet consiste à démolir un ensemble de trois bâtiments (8.924 m² hors sol) situés rue de France 40-50, le long des voies de chemin de fer, et d’y construire à la place le nouveau siège d’Infrabel composé de trois « volumes » (35.683 m² hors sol). Ce projet coche toute les cases de la liste de ce qu’il ne faut pas faire dans le quartier du Midi (ni ailleurs à Bruxelles) :

  • Construction de bureaux neufs alors qu’on en compte plus d’un million de mètres carrés vides à Bruxelles ;
  • Ajout de 126 places de parking à deux pas (littéralement) de la Gare du Midi ;
  • 24 logements supprimés… sans aucune compensation.

Améliorer l’urbanité et l’habitabilité du quartier du Midi passe par une intervention décidée des pouvoirs publics : les discours doivent se traduire par des actes. Le programme du contrat de rénovation urbaine (CRU), approuvé par le gouvernement bruxellois en mars 2023, est rempli de bonnes intentions, dont on attend la concrétisation, notamment à travers le réaménagement des espaces publics, point de départ indispensable à toute amélioration de la qualité de vie en ville. Ce programme ne sera toutefois pas suffisant pour changer le visage du quartier du Midi. Il faut aussi, et parallèlement, agir sur le bâti : limiter sa densité afin de libérer de l’espace pour des zones de pleine terre végétalisés et pour ne pas « étouffer » rues et places qu’il entoure ; y créer les fonctions répondant aux besoins des habitants (logements abordables, équipements publics, commerces de proximité). Faute d’une maîtrise publique directe sur ce bâti, les pouvoirs publics (communes et surtout Région) doivent se saisir des outils dont ils disposent pour s’assurer que les projets immobiliers privés et « semi-publics », comme ceux de la SNCB et d’Infrabel, répondent aux enjeux sociaux, écologiques et urbanistiques. Cette action politique doit se traduire en actes, à toutes les échelles : de la planification réglementaire régionale jusqu’à la délivrance du plus « petit » permis d’urbanisme.

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