A côté de la polémique de la Maturité, l’opacité des coteaux du Pentagone

A côté de la polémique de la Maturité, l’opacité des coteaux du Pentagone

[mise à jour le 30-01-2025 : à lire en-dessous de l’illustration]

Les luttes contre le patriarcat se sont vues instrumentalisées pour justifier un réaménagement qui trouve son origine ailleurs. A notre connaissance, cette statue n’a jamais fait l’objet d’une quelconque contestation de la part du milieu féministe bruxellois.

Et les combats politiques opportunistes et conservateurs actuels « contre le wokisme » s’en donnent à cœur joie. Tout cela décrédibilise le sens des luttes féministes en milieu urbain et a pour conséquence de voler la vedette au véritable problème urbanistique qui devrait être au cœur du sujet : le projet pour le square de la Maturité est la conséquence d’un masterplan, nommé « Coteaux du Pentagone« , financé par la Ville et initié en 2020*, que personne ne connaît, qui n’a pas fait l’objet d’enquête publique, et qui suit son chemin en parallèle des autres plans (Good Living, Manuel régional des espaces publics). Un masterplan avec plein de bonnes intentions et beaucoup de prescriptions qui mériteraient plus de transparence et de nombreux débats publics ! Un dossier que l’ARAU fouille depuis quelques semaines et sur lequel une analyse sera bientôt publiée…

* Ans Persoons était alors échevine de de l’urbanisme, aux manettes de ce masterplan. Elle est aujourd’hui Secrétaire d’Etat à la Région, au cabinet qui refuse ce classement.

Image (c) cameriere ennio

Quelques éléments en complément :

Dans une interview accordée à BRUZZ, la secrétaire d’État chargée de l’Urbanisme et du Patrimoine, Ans Persoons, déclare qu’elle projette le déménagement de l’œuvre de Victor Rousseau au square Gutenberg. Placée à cet endroit, cesserait-elle donc de « véhicule[r] des valeurs qui ne sont plus en phase avec la société actuelle, une vision patriarcale des rapports sociaux et familiaux, avec des stéréotypes figés sur la famille et le pouvoir masculin », comme l’indique l’arrêté de refus de classement ? En réalité, la décision de retirer cette sculpture du square de la Maturité n’est motivée que parce qu’elle est considérée comme une « gêne » au projet de réaménagement de l’espace public, ce que reconnait clairement le Ministre-Président Rudi Vervoort sur X : « la demande de classement du square et de la statue, émanant de la CRMS, aurait empêché tout réaménagement des lieux ». Le recours, dans l’arrêté, à un argumentaire qualifié par certains de « wokiste » n’est donc en fait qu’une manière de motiver un refus autrement que par un simple « la statue est dans le chemin, il faut l’enlever pour pouvoir faire les travaux qu’on veut » qui n’aurait sans doute pas eu une solidité juridique suffisante…

Comme nous l’écrivions au mois d’octobre 2024, en soutien à la demande de classement de la CRMS, « la conservation et la mise en valeur des espaces publics patrimoniaux n’a pas pour vocation de muséifier la ville, qui doit être adaptée aux enjeux actuels (encouragement de la mobilité active, lutte contre les îlots de chaleur, etc.) mais sans effacer son histoire ! Partir des qualités du « déjà-là » est aussi un moyen d’être plus économe en matériaux et en énergie que lorsqu’on procède à des réaménagements qui font table rase de la situation existante. ». La présence du square et de la statue est considérée comme une contrainte dans les plans de la Ville de Bruxelles ; elle doit, au contraire, être vue comme un atout, qui n’empêche en rien un réaménagement de l’espace public dont les intentions sont tout à fait pertinentes. Comme le disait Pascal Smet, prédécesseur d’Ans Persoons au poste de secrétaire d’État : « Respect the past, create the future! ».