Le dossier du réaménagement de la rue Josaphat passait ce 5 décembre en Commission de Concertation. Le but : « libérer l’espace devant l’école pour permettre de créer un espace public apaisé destiné à l’accueil des enfants et au jeu ». L’ARAU partage cet impératif de sécurisation de la rue pour les enfants et pour un meilleur respect des usagers les plus vulnérables mais considère que les outils déployés ne sont pas les bons.
Concrètement, le projet impliquera (notamment) :
- La création d’une chicane et agrandissement du plateau ralentisseur (et remplacement des pavés par de l’asphalte), destinés à réduire la vitesse automobile au droit des trois entrées d’école ;
- Pour ce faire, l’abattage de quatre arbres, que la note explicative qualifie pourtant de sains et ne présentant pas de problèmes pour la sécurité ;
- … et aucun recyclage des matériaux déjà présents : les pavés des trottoirs, pour certains déchaussés mais en bon état, seront remplacés par des pavés porphyre roumains et italiens… et ce alors que les dépôts communaux croulent sous les pavés qui ne demandent qu’à être réutilisés !
Le projet se veut « provisoire » et promet une « intervention rapide ». Pour l’ARAU, il faudrait d’une part développer une solution plus économique et écologique (aménagement plus classique respectant le profil historique de la rue) et d’autre part mettre impérativement la priorité sur la régulation du comportement des automobilistes. Les options à mettre sur la table des discussions pour l’aménagement d’un point de vue matériel, sont les suivantes :
- Abandon de l’idée de la chicane (comprendre : la création de virages artificiels pour forcer le ralentissement), donc plus besoin d’abattre quatre arbres en bonne santé ;
- Réparation des trottoirs en replaçant les pavés platines déjà sur place ;
- Possibilité, comme le prévoit le projet en l’état, de créer des fosses de plantation en supprimant quelques places de stationnement ;
- Possibilité de recréer une traversée sécurisée devant les entrées de l’école ;
- Conserver l’idée d’un large plateau ralentisseur, 100 % pavé ; dans la continuité, il est tout à fait envisageable de repaver complètement la chaussée, tout en intégrant une bande cyclable confortable ;
Les pavés offrent cet avantage de créer un contexte urbain qui indique clairement un environnement apaisé, notamment en incitant les automobilistes à ralentir ; d’autre part, ils ne sont pas plus bruyants que de l’asphalte s’ils sont posés correctement et si les voitures sont contraintes de rouler à moins de 20km/h. Rappelons à cet égard qu’il existe à Schaerbeek un atelier de formation « Jeunes Schaerbeekois au travail », qui travaille en étroite collaboration, et qui propose notamment… une formation de pavage sur chantier, gratuitement !
- Même sans envisager de travaux, il est possible d’imposer dans la rue Josaphat une véritable zone de rencontre, accompagnée de dispositifs de surveillance permettant de la faire respecter.
Réellement contraindre le comportement des automobilistes avec l’application de nouvelles règles
Du point de vue du ménagement des comportements abusifs des automobilistes, il convient de renforcer la régulation et le contrôle de la vitesse, en optant clairement pour l’établissement d’une rue scolaire et/ou d’une zone de rencontre.
Il est étonnant de lire dans la note explicative qu’une zone de rencontre n’est pas envisageable dans cette rue parce que le trafic est « trop important » ; pour la même raison, elle écarte la possibilité d’une « rue scolaire » (fermée à la circulation durant les heures d’entrées et de sortie d’école), ou celle d’une piétonnisation partielle de la rue. Cette manière de penser les espaces publics en fonction des flux existants doit être combattue : il convient de réfléchir le réaménagement d’une artère en fonction des usages et notamment du trafic souhaité ! C’est en agissant de cette manière qu’il sera possible de faire évoluer les pratiques et de se défaire petit à petit de la domination automobile dans nos rues.
La Commune doit se montrer volontaire et agir en proposant un contexte réglementaire d’espace public clairement orienté vers les habitants, en particulier les enfants. Pour rappel, la création d’une zone de rencontre ou d’une rue scolaire n’implique pas un réaménagement mais oblige « simplement » à un changement des comportements. C’est clairement la voie qu’il conviendrait de suivre dans le cas de la rue Josaphat !