En mai dernier, la Vivaldi adoptait un Masterplan à 160 millions d’euros, destiné à repenser le pôle muséal du Cinquantenaire et ses abords, notamment en prévision du bicentenaire de la Belgique, en 2030. Or le programme des investissements n’a fait l’objet d’aucune consultation en amont, d’aucun débat public concernant la rénovation ou la destination future des infrastructures. L’ARAU, comme le public, a découvert le projet par voie de presse, aucun document n’ayant été rendu public au préalable : inacceptable pour un lieu emblématique, et en vue d’un événement qui se veut populaire !
En bref, sont prévues :
- La création d’une esplanade métropolotaine entre Schuman et Mérode (qui pourrait prendre place sur la trémie du tunnel) ; il est aussi question de transformer l’espace public souterrain pour en faire des salles d’exposition ;
- La modernisation de la muséologie obsolète de certaines expositions ;
- L’amélioration de l’accessibilité du site ;
- La rénovation du hall Bordiau pour accueillir la grande agora du Bicentenaire.
Or le Hall Bordiau est actuellement occupé par le musée de l’Armée. S’il est vrai que sa muséographie relève d’un autre temps, sa fermeture temporaire et le déplacement de ses collections constituent un réel risque pour son avenir : où seront stockées les collections ? N’y a-t-il pas un risque de les voir dispersées ? A côté, le musée de l’automobile (Autoworld) ne semble pas du tout inquiété par les travaux futurs… Quel message le Fédéral veut-il ainsi faire passer ? Que l’histoire de la Belgique fût plus marquée par celle de la bagnole que par celle des conflits, fondateurs pour l’Europe actuelle ?
Il est aussi regrettable de constater que les infrastructures muséales du Cinquantenaire ne font l’objet d’investissements et de considérations qu’en vue d’un événement ponctuel. Pendant des décennies en effet, le simple entretien du site et de ses collections semble n’avoir été que le cadet des soucis du Fédéral…
Enfin, ce que l’on sait aujourd’hui du Masterplan laisse présager la surexploitation événementielle dont le site du Cinquantenaire risque d’être victime à l’horizon 2030. Or à l’heure actuelle, le parc, à la belle saison, est presque chaque week-end le théâtre de nombreux événements qui le fragilisent petit à petit : la forte fréquentation qui en découle constitue notamment un réel risque pour la survie des arbres. Le parc doit avant tout rester un parc : s’il n’est pas inenvisageable d’y organiser certaines festivités, il convient de réfléchir en amont à l’impact de celles-ci sur la flore, la faune (mais aussi la tranquillité des riverains), et d’en limiter le nombre !
L’ARAU reviendra sur le sujet avec une analyse cet automne et demande plus de transparence sur ce Masterplan : piétiner le patrimoine bruxellois et refuser plus de transparence sur l’avenir de ce site, ce n’est sans doute pas la meilleure manière de célébrer le bicentenaire belge…
Retrouvez ici l’avis de l’ARAU dans La Libre.
(Photo Jasmin Keci Rivera © urban.brussels)