L’irresponsabilité politique des anti Good Move

L’irresponsabilité politique des anti Good Move

Dans une surenchère électoral(ist)e, les déclarations anti Good Move se multiplient. Elles émanent aussi bien de certains membres de la majorité (qui, pour rappel, ont adopté ce plan régional de mobilité !) que de l’opposition. Les critiques prennent des formes plus ou moins virulentes, couvrant un spectre allant de la « simple » remise en question de la méthode d’implémentation de certaines mesures, jusqu’à la demande de suppression de l’ensemble du plan. Si la nécessité d’améliorer la manière de mettre en œuvre le plan Good Move ne remet a priori pas en cause ses objectifs, l’appel à y renoncer relève quant à lui de l’irresponsabilité politique.

Insécurité routière, pollution de l’air, bruit, émissions massives de CO2, congestion, iniquité du partage de l’espace public… Tout cela ne relève pas du hasard ou de la fatalité mais de choix politiques qui, durant des décennies entières, ont tout misé sur la mobilité automobile individuelle : construction d’autoroutes, de tunnels et de viaducs, multiplication des stationnements, régime des voitures de société, démantèlement du réseau de tram, étalement urbain, etc. Cette politique connaît son essor au début des années 1960 : à l’époque, 750.000 voitures circulent en Belgique ; on en compte aujourd’hui plus de 6.000.000… Les limites du système du « tout à la voiture » ont, depuis longtemps, été dépassées, et le constat de cet échec n’est aujourd’hui (presque) plus remis en cause.

La nécessité d’agir ne fait pas débat et un relatif consensus se dégage quant aux objectifs à atteindre : diminution de la pollution atmosphérique, du bruit, des émissions de CO2, des embouteillages, des accidents de la route, etc. Même s’il va dans le bon sens, le plan Good Move (qui, pour rappel, ne se limite pas aux « mailles apaisées » mais se décline aussi en 49 autres mesures, comme par exemple la généralisation de la zone 30) est loin d’être révolutionnaire : il est même bien trop timide face à l’ampleur de l’enjeu, qui demande un changement radical de modèle. Remettre en question des habitudes si profondément ancrées dans une partie importante de la population, à tel point qu’on les qualifie parfois de « culture », est loin d’être une tâche évidente. D’autant plus quand chaque tentative, ou presque, de construire une ligne de tram ou une piste cyclable soulève son lot d’oppositions infondées, qui ne reposent sur aucune base objective. Pire encore, certains projets, comme l’instauration de nouveaux plans de circulation dans les quartiers (les fameuses « mailles apaisées »), font l’objet de sabordages politiques visant à les tuer dans l’œuf, sans laisser aucune possibilité de les améliorer ni de montrer leurs bienfaits.

Les mandataires politiques qui soutiennent qu’un changement de modèle pourra s’opérer sans en finir avec la domination de la voiture sur la ville font preuve soit d’une profonde méconnaissance des questions de mobilité, soit d’une totale mauvaise foi. Dans les deux cas, c’est irresponsable. De même qu’il est irresponsable de rejeter un plan (qu’il s’appelle Good Move ou qu’on lui trouve un autre nom), qui vise à rendre la ville plus habitable et à améliorer la qualité de vie des Bruxellois, sans même proposer d’alternative qui tienne un tant soit peu la route. Le plan Good Move est loin d’être parfait : des amendements sont nécessaires, notamment quant à la manière de mettre en œuvre certaines de ses mesures, mais ces modifications ne doivent pas amener à renier les objectifs fixés, faute de quoi Bruxelles restera engluée dans un modèle délétère et sans avenir.

Pour amorcer un changement radical, en faveur de tous les habitants et usagers de Bruxelles, nos représentants politiques (actuels et à venir) doivent prendre leurs responsabilités. Ils doivent s’engager à renoncer aux politiques du statu quo, ce qui demande, nécessairement, un sevrage de la dépendance à la voiture…